Histoire

              A quelques kilomètres au Nord de Fontoy, Havange appartient incontestablement au Pays-Haut. Son cadre naturel est fait de l'horizontalité du plateau. Les étendues de champs se la partagent avec de belles forêts, celle du Raidebusch, du bois de Haivel à l'est, du bois de Ludelange et du bois de Devant à l'ouest. Une originalité donne une particularité agreste au village : l'existence, dans une dépression, d'un étang près de la zone habitée.

              Son grand atout est d'être positionné près d'un carrefour routier névralgique ; à coté du village se croisent la route du sud , venant de la vallée de la Fensch et de Fontoy, et celle de l'est, la « voie rapide verte » , venant de Thionville et de la vallée de la Moselle. Leur rencontre les mène toutes deux vers Longwy et le Luxembourg.

              L'homme est anciennement présent sur le plateau et, comme dans tout le secteur, a probablement fréquenté l'espace depuis le néolithique. Les plus belles traces qu'il nous a laissés datent de la période romaine. Depuis longtemps, les agriculteurs d'Havange ont découvert dans leur champs des poteries communes et des briques d'âge gallo-romain.  Toutes portent témoignage d'une présence humaine aux tout premiers siècles de notre ère et laissent entendrent que des fermes (les villae) exploitent l'espace Havangeois. Plus remarquable est la découverte en 1817 dans la chapelle du cimetière, non loin de l'église, de la base octogonale d'un autel gallo-romain dédié au culte des divinités. Sept de ses faces célèbrent les 7 divinités des jours de la semaine (Saturne, Apollon, Diane, Mars, Mercure, Jupiter et Vénus). La huitième porte l'inscription IOM ( c'est-à-dire Iovi Optimo Maximo, soit « A jupiter, le Meilleur et le plus grand »). Cet autel à une importante fonction religieuse : il appelle les divinités représentées à placer sous leur protection la route proche et les voyageurs l'emprutant. La qualité de ce monument laisse même entendre qu'un temple important existait dans les environs et que Havange était un lieu de culte, au même titre que Fontoy.

              Vers 1060, Havange dépend de l'abbaye de Saint-Vanne de Verdun puis l'évêché de la même ville. Le village, d'abord nommé Haveringvillam, puis Havechingen, est dit Hevenges en 1060 puis Havange à partir de 1357, appellation qui demeure jusqu'à nos jours. Cette pérenité du nom depuis le XIV ème siècle est à mettre au compte du caractère linguistique de la commune ; à la différence de certaines de ces voisines, elle est toujours restée dans l'aire du parler roman (et non pas germanique).

              A cette époque le village est dédoublé ; il possède un hameau bien distinct, Gondrange. Cette annexe aurait même été plus importante en nombre d'habitants que Havange et c'est Gondrage qui accueille alors l'église et le cimetière. Aujourd'hui, ne subsiste de ce lointain passé que le cimetière, isolé dans les champs, à l'écart de Havange. Gondrange ne conserve que deux fermes. Plusieurs seigneurs, dont des écclésiastiques, se partagent Gondrange / Havange, les plus importants étant encore au XVIII ème siècle la famille des Bassompière, les abbayes de Justemont, de Villers-Bettnach et l'évèché de Verdun. Les armoiries de notre commune rappellent ce passé : elles portent les chevrons des Bassompière et les serres de l'abbaye de Villers-Bettnach. La Guerre de 30 ans ravage les deux villages et détruit probablement Gondrange. Le hameau ne se relève pas de cet anéantissement.

              En 1718, le village appartient au Duché de Lorraine et de Bar (et non pas au royaume de France). Il dépend du baillage Lorrain de Villers-la-Montagne. Les actes officiels, très respectueux des traditions, s'adressent toujours, au cours du XVIII ème siècle, au moins aux habitants de Gondrange et ignorent le nom de Havange.

              En 1766, Havange / Gondrange avec tout le duché de Lorraine entre dans le royaume de France et compte alors 280 habitants environ. C'est sans connaître d'évènements particuliers qu'il traverse la Révolution.

              La période Napoléonienne révèle un village très bonapartiste : en 1811 ses édiles font planter vingt-quatre chênes pour saluer la naissance du Roi de Rome, le fils de l'Empereur. La fin de l'Empire lui amène d'énormes difficultées : dès la fin de 1813, des voltigeurs prussiens réquisitionnent des voitures et des chevaux dans les fermes. En 1815, des troupes russes et prussiennes prennent leur quartier dans le village et vivent sur l'habitant. Les champs sont transformés en terrain de manoeuvre et ne peuvent être mis en culture. Les maigres finances de la commune sont lourdement ponctionnées. Havange est la commune du Pays-Haut ayant le plus souffert de cette occupation militaire étrangère. Le calme ne revient qu'après 1819. S'ouvre une période de paix et de relative prospérité pour le village. En 1821, il dénombre 380 habitants et 414 vers 1840 logés dans 70 maisons. Le territoire communal (965 ha) n'est plus couvert que par 75 hectares de forêts : l'utilisation du bois dans les forges de la région explique cette faible proportion du boisement. En 1843 est construite une nouvelle église placée sous le patronage de Saint-Jean Baptiste.

              En 1870 - 1871, à la suite de la défaite Française, Havange est cédée au Reich allemand. La localité prend le nom de Havingen (et Gondrange Gondringen)

              Cette fin du XIX ème siècle ouvre pour Havange l'ère de la mine et de la sidérurgie. En 1874 est instituée sur son territoire la concession « Havange » au profit de sociétés allemandes. La minette de son sous-sol n'est extraite qu'à partir de 1898 par un mine dont l'entrée à flanc de coteau est située a Knutange. Le paysage de Havange n'ignore cependant pas l'activité minière : à partir de 1903, un funiculaire le traverse et convoie le minerai des mines de fer d'Aumetz et de Boulange vers l'aciérie de Knutange. Plus tard, un puits d'aération des galeries se dressera au milieu des champs. En 1918, après l'orage de la première Guerre Mondiale, il est recouvré par la France et reprend son appellation de Havange. Dans les années 1930, les tensions avec l'Allemagne amènent la construction de la ligne Maginot le long de la frontière. Quelques ouvrages fortifiés sont implantés sur le territoire Havangeois. Avec la seconde guerre mondiale, Havange est à nouveau annexé par le Reich allemand et reprend son nom de Havingen. Bien malgré lui, il accueille un camp de prisonniers de guerre soviétiques. Ses 400 détenus sont occupés à la récupération de matériel de la ligne Maginot. Après la libération de 1944, la population reprend une existence partagée entre les activitées agricoles, sidérurgiques et minières. Le déclin de la sidérurgie et de l'extraction minière engendrent des départs. En 1982, 352 habitants sont présents dans le village, 330 en 1990 et plus de 400 habitants aujourd'hui.

Une renaissance s'esquisse depuis l'an 2000. De nouvelles habitations se sont édifiées autour du vieux noyau des fermes lorraines. Quelques entreprises s'implantent dans une zone artisanale. La proximité immédiate de bons axes routiers et le voisinage du Luxembourg concourent à ce renouveau. Les activités de loisirs marquent aussi la localité : l'étang - et une société de pèche entreprenante - ainsi que des séjours touristiques à la ferme de Gondrange en portent témoignage.

L'église Saint Jean-Baptiste, de nos jours.

Croix de l'église de Havange.

Havange dans les années 1970.